S’émerveiller devant la beauté que la nature nous offre tous les jours.

Apprendre à voyager. C’est ce que nous offre la photographie.

Poser son regard un instant sur ce qui ne sera plus jamais.

Le voyage peut être intemporel, intérieur.

Philippe GULDEMANN

6 mois avec les chamois

Tout a commencé à la fin de l’hiver, au début du printemps, les boucs adultes ont quitté les hardes et sont repartis vivre en solitaires. Les belles sont restées avec leurs chevreaux encore quelques temps. Elles ont commencé de muer leur pelage perdant leur poil d’hiver.
Puis elles sont parties s’isoler pour donner naissance à leur petit.
Cette année la première naissance a eu lieu vers le 28 avril. Les autres se sont enchainées sur la première quinzaine du mois de mai.
D’abords timides, mal assurés, les cabris ont commencé de prendre leurs habitudes dans la prairie du haut de la falaise, virevoltant dans tous les sens.
A la moindre alerte, tout le monde se replie dans les éboulis. Il n’est pas question de plaisanter, le lynx est un habitué des lieux.
L’été se passe tranquillement à se gorger d’une herbe bien grasse le matin et le soir.
Puis vient l’automne, le pelage des chamois s’épaissit et noircit pour l’hiver.
Cette année le rut a débuté très tôt, vers le 20 octobre. La fièvre gagne les mâles qui inlassablement cherchent à regrouper les femelles et les séparer de leur chevreau. Parfois ils sont deux et se tolèrent jusqu’à ce qu’excités par la fièvre, ils en viennent à se poursuivre voir à s’affronter.
L’un se fait harponner par le deuxième et saisir sur le flanc par les cornes de son adversaire.
Ici c’est un autre lassé de se faire dominer qui repousse son adversaire d’un coup de corne pouvant entrainer des blessures plus ou moins sérieuses.
Parfois un mâle charge une femelle emporté par la folie et son humeur belliqueuse.
Et puis le rut se calme en novembre et chacun va pouvoir reprendre des forces après cette période fatigante où les cabris de l’année se demandent bien ce qui se passe.